Projet Kilomètre 7
Projet Rescue Game
Affiche-RescueGame(2)Projet Galerie Imaginaire
Projet MixCité
Projet Mémoires et luttes de femmes
Projet Studio Hirundo
DP _ STUDIO HIRUNDOPrésentation des différents projets réalisés au sein du Master.
Projet Kilomètre 7
Projet Rescue Game
Affiche-RescueGame(2)Projet Galerie Imaginaire
Projet MixCité
Projet Mémoires et luttes de femmes
Projet Studio Hirundo
DP _ STUDIO HIRUNDOL’étude des nuages permet d’interroger :
— La représentation de formes fugaces, en mouvement, en suspension, vouées à disparaître (Photographie ? Vidéo ? Dessins ? Volume ?)
Comment se saisir d’un objet éphémère, comment l’archiver ?
— L’observation : a quel endroit se situer pour observer les nuages ? (Au sol ? Dans les airs ? Dans l’espace ? Quels outils et dispositifs d’observation ?)
— La transmission d’une science d’observation et de prédiction, entre science objective, métaphysique et mélancolie. Quelle est la place du designer et du médiateur dans la transmission d’un savoir ?
Thierry Michel, enseignant à l’Ecole Nationale de Météorologie / Département Instruments, mesure et observation (Toulouse) a été notre référent scientifique. Il a donné une conférence d’introduction sur l’étude des nuages lundi 28 janvier matin puis a échangé avec les étudiant.e.s .
Tanger est une ville singulière, traversée par de nombreuses influences. Deuxième ville économique du Maroc après Casablanca, elle compte une densité de population de plus d’1 million d’habitant.e.s, qui s’accroît de plus en plus ; l’urbanisation grandissante a changé le visage de la ville et l’équilibre entre les différents quartiers. Carrefour entre l’Europe et l’Afrique, Tanger connaît une métamorphose fulgurante, avec notamment la construction du port EuroMed, projet d’envergure visant à attirer de nouveaux investisseurs internationaux, augmenter l’attractivité touristique et économique et l’industrialisation de la région.
Quel impact ces mutations ont-elles sur le secteur culturel et artistique de Tanger ?
L’idée de ce voyage est née de l’envie de découvrir un pays/une région/une ville, par le regard d’acteurs et actrices culturel.le.s. Dans un contexte économique, politique, social, urbain particulier, il nous tenait à cœur de comprendre leurs enjeux et les problématiques qui les traversent. Nous avons donc pensé ce séjour en lien étroit avec des structures culturelles tangéroises, avec pour objectifs :
Après 3 mois de préparation, nous sommes parti.e.s du 1er au 6 février 2019 à Tanger ! Sur place, nous avons rencontré des acteurs et actrices culturel.le.s, visité des lieux et réalisé deux workshops. Le premier avec Think Tanger et le second avec Tabadoul, pour comprendre et échanger autour de leurs problématiques (structuration, développement de projets, recherche de financements etc.)
Un aperçu du programme
Vendredi 1 février :
Open-mic à Tabadoul
Samedi 2 février :
Visite du Musée de la Kasbah, guidée par Saousan Yahia, conservatrice adjointe
Lundi 4 février
Matin : rencontre et visite de Tabadoul avec Silvia Coarelli, Directrice
Après-midi : workshop
Par groupe, nous avons participé à des case studies mis en place en lien avec les deux structures, c’est-à-dire un temps de réflexion collective sur des problématiques liées à leur activité, pour échanger et réfléchir ensemble à des pistes d’évolution.
1/ Think Tanger – thématiques : business model, RSE
2/ Tabadoul – thématiques : stratégie de communication, structuration, implication du public
visite des Ateliers Kissaria/Think Tanger avec Amina Mourid, Cheffe de projets
Mardi 5 février
Matin : Visite de la Cinémathèque de Tanger et rencontre avec Mohamed Lansari, Directeur artistique
Après-midi : Rencontre avec Jérôme Migayroux, Directeur de l’Institut français de Tanger
Visite de la Galerie Delacroix
Ce voyage a eu un impact fort auprès de chacun.e ; il a permis de mettre en perspective des thématiques abordées en cours, avec les problématiques liées au terrain, tout en développant l’aspect international de notre formation de manière concrète. Propice aux rencontres et aux échanges, il a notamment permis de changer de point de vue et découvrir d’autres logiques d’actions.
Mille mercis à Amina Mourid et l’ensemble de Think Tanger, Silvia Coarelli et la folle équipe de Tabadoul, Jérôme Migayroux pour son accueil à l’Institut Français, Mohamed Lansari et la Cinémathèque de Tanger, Saousan Yahia et l’équipe du Musée de la Kasbah.
Un grand merci à toutes les personnes ayant œuvré de près ou de loin à la réalisation de ce séjour.
Retrouvez nos structures partenaires sur :
Cinémathèque de Tanger – www.cinemathequedetanger.com
Think Tanger – www.think-tanger.com // facebook : Think Tanger
Tabadoul – www.tabadoul.org
Institut français de Tanger – www.if-maroc.org/tanger
Musée de la Kasbah de Tanger – www.fnm.ma/musee-de-la-kasbah-de-tanger
KATAPÜLTE est un projet qui réunit un groupe de dessinateurs et dessinatrice de BD le temps de trois workshops afin de préparer un strip de quelques cases. Ils le réaliseront ensemble en live et sur grand format le 14 mars au Mini Bar. Le défi réside dans le fait de concevoir et réaliser collectivement chacune des cases de ce strip.
Le public sera également convié à partager sa créativité sur une fresque participative et peut-être influer sur le scénario final de l’histoire dessinée devant leurs yeux…
Entrée libre
BORDER ART : AU-DELA DES FRONTIERES
EXPOSITION PHOTO – FRESQUE PARTICIPATIVE – TÉMOIGNAGES VIDÉO
JEUDI 14 MARS DE 14H30 A 20H
Au Centre Social René Cassin – 30 rue de Marseille 69330 Meyzieu
Cette année, nous fêtons les 30 ans de la chute du mur de Berlin : 1989-2019. Pourtant, les hommes n’ont jamais construit autant de murs-frontières : plus de 40.000 km, de quoi faire le tour de la terre. L’exposition Border Art : “Au-delà des frontières” est née de la rencontre de 5 étudiants du Master 2 DPACI de l’Université Lyon 2 avec les Centres sociaux de Meyzieu, co-organisateurs du projet. Nous souhaitons sensibiliser le public à cette question des frontières visibles et invisibles qui nous séparent et à la façon dont l’art peut nous aider à les dépasser.
INFOS PRATIQUES : https://www.facebook.com/projetborderart/
Les projets de la promo 2017/2018
Mémo’ART/ Exposition photo & Performance théâtrale
Depuis le mois de février, Mémo’ART organise des ateliers de photographie et d’expression théâtrale entre les réfugiés et les habitants du Grand Lyon. Ces rencontres ont nourri des expériences fortes qui donnent à voir des témoignages de vie et d’histoires imaginaires.
L’événement final de ces ateliers se réalisera au Rize le jeudi 15 mars à 18h.
Venez, vous aussi, partager des histoires lors de cet événement participatif et convivial !
Entrée gratuite.
******** AU PROGRAMME ********
18h – 20h :
>> Une exposition de photographies argentiques
Réalisées lors d’un parcours dans la ville de Lyon et de moments intimes des participants.
>> Des performances théâtrales
Sur la notion du souvenir que véhiculent les objets.
19h30 – 21h :
>> Un repas syrien préparé par notre incroyable Chef cuisinier de Cuisine Sam.
L’événement sera la restitution des ateliers, en présence des créateurs du projet qui sont les artistes Jonathan David (comédien), Maxime Caron Photography (photographe), Hélène Giudici et Amicie_P (plasticiennes) et les participants !
Les ateliers de Mémo’ART ont été conçus en partenariat avec le Groupe Singa Lyon, le Centre Social Bonnefoi et le Le Rize.
— ARRÊT NATURE — SAMEDI 10 MARS > de 13h à 18h
Né d’une réflexion sur notre relation aux autres dans nos rues et nos quartiers, ARrêT Nature est une invitation au dialogue et à la découverte sur la place Bir Hakeim dans le 3ème arrondissement de Lyon.
Le temps d’une après-midi, cet événement propose de réunir tous les habitant.e.s du quartier et les curieux.ses qui le souhaitent, autour d’ateliers et d’interventions présentés par des acteur.rice.s du tissu associatif, citoyen et artistique local.
Au programme ? Développement durable, art, créativité et débat citoyen, pour questionner les usages de l’espace public et nos rapport à la place, pour faire cohabiter les générations, pour imaginer un lieu de vie et de rencontres.
ARrêT Nature, c’est l’occasion de bénéficier de conseils pratiques pour cultiver son potager urbain, d’échanger des idées pour mieux vivre sa ville et son quartier, d’assister à un spectacle poétique en famille ou encore de connaître les initiatives citoyennes naissantes sur la place Bir Hakeim.
ARrêT Nature est une façon de réinventer, ensemble, la vie de quartier !Samedi 10 mars – Place Bir Hakeim, Lyon3 – 13h-18h
Ouvert à tous – Activités gratuites – Petite restauration sur place
— BAND DE FILLES — MERCREDI 14 MARS > de 18h30 à 20h30 & LUNDI 19 MARS > de 14h à 17h
Mercredi 14 mars de 18h30 à 20h30 – bibliothèque de la Part-Dieu – Entrée libre
Projection-rencontre autour de la place de l’artiste féminine dans les musiques actuelles
Cinq filles, cinq visions, cinq personnalités affirmées. Cléa Vincent, La Féline, Le Prince Miiaou, Marie Flore et Robi sont autant de talents qui gravitent dans l’ombre des plus médiatisés, aiguisant toujours un peu plus leur singularité et forgeant leur identité d’artistes accomplies. Les caméras de Boris Barthes et de Stéphanie Rouget les ont suivies pendant plus d’un an pour tenter de cerner ce que signifie être une artiste aujourd’hui : leurs doutes, leurs questionnements, leur cheminement et leurs moments de joie intense. Si la question du sexisme dans l’industrie musicale n’est pas centrale dans Band de Filles, c’est malgré tout une interrogation sous-jacente.
Se dévoilant en toute confiance, elles ont accepté de se laisser filmer durant des moments singuliers, la répétition des mêmes gestes, les heures d’attentes pour 30 minutes de concert… Pendant un an, ils ont tenté de capter le processus créatif qui est au coeur de la vie de chacune. Et ils ont surtout perçu leur volonté farouche de ne pas lâcher l’affaire. Tiraillées entre une réalité économique difficile, la peur de voir la créativité s’envoler, l’envie de succès… le processus de création tellement personnel et la dure réalité du milieu sont montrés ici avec beaucoup de pudeur et de réalisme.
Band de Filles nous permet de nous faire petite souris, de nous immerger dans leur vie, sans spectaculaire ni voix off narrant leurs péripéties. Nous sommes avec elles, nous les accompagnons, nous les écoutons, nous les soutenons, nous les encourageons d’un regard… Ce que tout artiste attend de nous, les spectateurs, les fans, les amateurs.trices de musique.
La projection sera suivie d’un échange avec Agnès Gayraud aka La Féline. (https://lafelinemusic.com/)
Cette projection s’inscrit dans le cadre d’un projet soutenu par 5 étudiants du Master 2 Développement de Projets Artistiques et Culturels Internationaux de l’Université Lyon 2, qui proposent une réflexion autour des actions à mener en faveur d’une plus grande égalité hommes/femmes. En effet, moins de 10 % des artistes programmés sur les scènes de musiques actuelles sont des femmes.
Les échanges se poursuivront le lundi 19 mars à 14h à la Maison Pour Tous – Salle de Rancy dans le cadre du Festival des Chants de Mars. Une table-ronde ayant pour thème « Sous-représentation des femmes dans les programmations de musiques actuelles quels outils pour plus d’égalite ? » donnera la parole à des professionnel.les du secteur (Programmateur.trice, directeur.trice de salle de spectacles…) désireux de partager des méthodes de travail et des outils concrets qu’ils ont identifiés comme efficaces pour évoluer vers des pratiques plus inclusives.
— CLÉ DU SOL — MARDI 13 MARS > de 20h30 à 23h30
>>> Clé du Sol fait sa JAM SESSION au Périscope le mardi 13 mars à partir de 20.30 !
Depuis le mois de février, des rencontres entre musiciens réfugiés et lyonnais s’organisent au sein du Marché Gare et du Périscope, qui appartiennent au réseau de scènes de musiques actuelles lyonnais S2M.
Clé du sol·voit dans la musique une manière universelle de communiquer, permettant un échange plus libre qui transcende les différences. C’est donc dans le but d’encourager la rencontre, la mixité et l’hybridation des arts que nous nous réunirons en musique le 13 mars prochain pour une Jam Session.
>>> SCÈNE OUVERTE
En plus de découvrir le travail des participants au projet Clé du Sol, nous vous invitons à partager la scène avec eux, quelques soit votre horizon musical. N’hésitez donc pas à ramener votre instrument de prédilection et participer à la fête !
>>> GRATUIT
Il ne devrait pas être permis de faire des études universitaires sans voyager. Mon cerveau en a encore des courbatures. Les yeux grands ouverts, sourires francs, à passer cinq jours à déambuler comme une meute d’enfants dans une ville qu’on connaît un tout petit peu plus. Capturer le chant de la langue, façades d’immeubles, nouveaux visages, vitrines et publicités, plats mystérieux. Saisir puis s’imprégner et se rapprocher. Rien n’est comme on l’imaginait en observant de loin. Et qu’est-ce que ça rend intelligent d’aller à la rencontre. On a beau le savoir, c’est si vivant de réactualiser cette manière d’être en faisant dérailler son quotidien !
Cinq jours de cours, visites, rencontres, cinq jours ce que c’est court. Mais déjà assez pour confronter ses représentations au réel, balayer la simplicité supposée du monde et l’embrasser à nouveau dans toute sa joyeuse complexité.
Un centième moins complexe grâce à Milena, Irina, Borka, Aleksandra, Milan, Goran et tous les autres. Des professeurs, des étudiants, des artivistes, des citoyens. Grâce à qui on a pu rattacher à du concret des concepts pleins de syllabes. « Échange interculturel », « patrimony », « živeli » et j’en passe.
Grâce à toutes les personnes rencontrées on a pu ressentir la signification de l’hospitalité, d’une franche hospitalité même, qui donne simplement envie de rendre la pareille de retour au bercail. Et l’envie de continuer à échanger. Glaner des secrets de cuisine, s’informer sur l’état de la scène punk, découvrir les standards de la musique serbe en karaoké, et surtout, surtout, s’inscrire dans cette tradition plusieurs fois centenaire d’échange entre universités européennes en dansant le rock jusqu’au petit matin au squat de Kvaka 22.
Une sensation désarçonnante, propre à chaque voyage, aura été d’incarner plusieurs identités tout au long de voyage. N’être que soi mais dans la rencontre avec l’autre, représenter 1- le touriste un peu paumé, 2- les clichés français, 3- le patrimoine lyonnais, 4- le système universitaire national avec sa tribu de collègues étudiants, 5- 6- 7-… Et composer avec toutes ces facettes, avec ce que l’autre en attend, dans ce qu’on offre à voir et dans la manière dont c’est reçu. Jongler avec ce qui vient de soi et ce qu’on attend de nous en tant que membre d’une communauté. Et au final, bien simplement, rencontrer des personnes incroyables – et dans nos différences trouver tellement en commun.
On avait beau s’être rencontré quelques fois entre M1 et M2, c’est bien deux tribus distinctes qui sont parties de l’aéroport de Lyon. Mais quelques dizaines d’expéditions à pied, du chinage de haut vol, des grandes ventrées de goulasch et ces quelques bières de trop nous auront fait repartir comme une seule équipe et ça, c’est une des plus belles promesses à l’avenir qui ressort de ce voyage. C’était déjà prodigieux d’avoir rencontré des personnes aussi folles dans ma promo… hé bien oui, doublons la mise !
A bientôt Belgrade(s)
V LH
Sous les ruines, fleurit la culture.
Regards sur une ville en pleine ébullition citoyenne
Un voyage à Belgrade, c’est une épopée dans le temps, la découverte d’un paysage politique et culturel hétéroclite et parfois paradoxal. Dans cette ville au passé lourd, marquée par les fracas de la guerre et des gouvernements autoritaires, des femmes et des hommes ont décidé de prendre leur futur en main en développant une culture alternative aux influences croisées et aux valeurs humanistes, prenant le contre-pied des codes imposés par le pouvoir en place.
Beauté froide et apparences trompeuses
Il est à peu près 9h du matin lorsque nous arrivons au cœur de Belgrade, en ce 9 février 2018. Après avoir quitté l’aéroport Nikola Tesla, traversé en bus une campagne sauvage, dénuée de tout urbanisme, nous découvrons, avec la stupéfaction et la précipitation caractéristiques des touristes occidentaux, une ville aussi austère que puissante. Témoins d’un faste quelque peu passé, les façades décrépies des hauts bâtiments m’intriguent. La rudesse de leurs formes n’entache en rien leurs qualités architecturales, mais nombre d’entre eux sont vides, abandonnés aux aléas du temps et à des repreneurs a priori absents… Les trottoirs cabossés laissent entrevoir un faible investissements dans l’entretien des espaces publics. Ça et là on aperçoit d’ailleurs des décombres d’immeubles bombardés, des décharges urbaines, des espaces verts à l’abandon…
Et pourtant, la vie grouille de partout. Sur la grande rue piétonne, Knez Mihailova, petits commerces, grands magasins, restaurants bondés, chanteurs de rue, et badauds se succèdent.
Nos premiers échanges avec les Belgradois éveillent en nous une véritable curiosité : quelque chose d’insoupçonné se cache derrière la grisaille de cette ville hors de temps, encore marquée par la guerre et la dictature…
Cette force, cette puissance, ressentie dès notre arrivée dans la capitale Serbe, et qui effleure en quelques endroits à la surface de la ville, se cristallise véritablement au contacts des habitants, dans des lieux écartés des sentiers balisés par les guides touristiques. Cette force est culturelle, artistique, politique mais citoyenne.
Belgrade underground
Dans les années 1970 et 1980, Belgrade était empreinte d’un dynamisme culturel avant-gardiste qui renouvelait les codes de la musique, du cinéma, des arts visuels… Mais la violence des affrontements humains est passée par là, et peu à peu, l’État s’est désinvesti des questions culturelles, abandonnant le soutien de la création au profit d’une transition économique difficile, peu efficiente et surtout interminable, depuis les bombardements de 1999. Un véritable fossé s’est creusé entre les mœurs artistiques et créatives des Belgradois et les projets effectivement soutenus par les politiques de la ville. Alors, la résistance s’est organisée, les coopérations se sont multipliées et la vie a repris ses droits dans un foisonnement culturel alternatif comme on en voit peu (ou plus), dans nos pays sur-administrés.
Au fil de discussions, officielles et officieuses, nous retenons des noms de lieux et de quartiers passés maîtres dans le développement de nouvelles approches artistiques et le soutien de la création locale indépendante. Parmi eux, il y a Kvaka 22.
Il fait nuit lorsque l’on s’approche de cet immeuble, rue Rusveltova, et rien ne laisse présager ce qu’il renferme, si ce n’est l’œuvre murale que l’on découvre sur son aile droite. Ancien immeuble de l’armée dédié à la réparation et à l’entretien des instruments de musique de l’orchestre militaire national, cet espace a été abandonné après la guerre, et s’est rapidement délabré, devenant tour à tour squat ou décharge. En 2015 un collectif d’artiste découvre les lieux, et décide de se retrousser les manches pour remettre en état les trois niveaux du bâtiment, et en faire un lieu culturel indépendant et innovant. Aujourd’hui, le rez-de-chaussée abrite une galerie d’art libre et un espace presque muséal, dédié aux archives – photos, vinyles, instruments, matériel de réparation – récupérées sous les décombres. Au premier étage un appartement a été transformé en un atelier de création, salle de projection et de conférence – et bar officieux, les soirs de vernissage. Le dernier niveau, lui, est séparé entre un studio et des espaces dédiés à l’administratif. Goran, membre du collectif, nous raconte l’histoire de ce lieu et de son pays avec passion. Pour lui, la situation culturelle en Serbie et plus particulièrement à Belgrade, est plus liée à une mauvaise distribution des ressources qu’à un véritable manque de moyen. Pour palier à l’absence d’aides de la ville, il faut donc faire preuve d’ingéniosité ; et le collectif de Kvaka 22 en a à revendre : en mettant l’accent sur la restauration et la valorisation des archives retrouvées dans le bâtiment, ils ont pu obtenir aide et soutien du Goethe Institut, ce qui leur a permis de développer leurs activités. Et si la situation du Kvaka 22 reste précaire puisque d’un point de vue juridique rien ne leur octroie le droit d’être ici et que le collectif peut être expulsé du jour au lendemain, l’enthousiasme, le dynamisme et la ténacité de ces jeunes Belgradois restent intacts. A l’image de nombreux autres acteurs de la scène culturelle Serbe, ils défendent des valeurs de partage, de liberté, de diversité, de démocratie culturelles et témoignent d’une conscience et d’une pensée politique ouverte sur le monde et extrêmement aiguisée.
Sur les chemins de la liberté culturelle
A Belgrade, Kvaka 22 n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, de la force de la volonté et des initiatives citoyennes. J’aurais pu vous parler du Stroggi, cet immeuble transformé en bar musical et galerie, où se croisent musiques électroniques, esthétiques baroques et street art. J’aurais également pu vous parler de l’Université des Arts de Belgrade, et de ses professeurs émérites, qui chaque jour se battent pour l’affirmation de l’identité culturelle plurielle de leur ville et de leur pays. J’aurais pu vous décrire, aussi, les œuvres urbaines puissantes et subtiles, qui fleurissent dans les rues et embellissent les quartiers, malgré les restrictions des politiques ; j’aurais pu évoquer le Centre de Décontamination Culturelle ou encore le mouvement citoyen Ne Davimo Beograd(« Ne cédons pas Belgrade »)…
J’aurais pu vous parler de tout cela, pour vous raconter une chose : sous une apparence grise, Belgrade chante, et continuera de chanter, plus fort encore, pour que son cœur et celui de ses citoyens et citoyennes battent à l’unisson.
/L.A