Le 6e Continent

L’Association 6e Continent

Origine/Objectifs

Le 6e Continent est une association fondée en 1997 régie par la Loi 1901 et actuellement labellisé « Scènes découvertes ». Depuis 2004 elle est ancrée au cœur du quartier populaire et cosmopolite de la Guillotière.
C’est un lieu convivial de diffusion artistique spécialisé dans les cultures du Monde mais aussi un lieu de découverte de la richesse des diversités et des mixités culturelles de notre Cité. Le 6e Continent essaie de redéfinir l’espace social et pour cela il se veut accessible au grand public.

C’est un espace interculturel qui comprend un bar associatif et une offre artistique et culturelle pluridisciplinaire : arts plastiques, cinéma, musique , littérature, contes, débats, des cours de danses… Cette activité permet à cette association d’être autofinancée à 80%.
Ses deux principaux objectifs sont: la promotion des cultures du monde (volet international) et la valorisation des diversités et des mixités culturelles (volet local).

Cette association est aussi reconnue pour l’organisation d’un Festival qui porte son même nom et qui se déroule une fois par an, au début de l’été.

Historique

En 1997 a lieu la naissance du 6e Continent. Il organise un événement qui se déroule au Pez Ner (une salle à Villeurbanne) et déplace environ trois cents personnes. Cette première édition invite à écouter gratuitement du flamenco et de la musique marocaine. De là, l’événement commence à grandir.
En 2001 commence la professionnalisation de l’association, car le 6e Continent devient un festival pluridisciplinaire et thématique (la tradi-modernité, la culture tsigane, la scène locale… selon l’édition). En 2002 le Festival se déplace à Gerland (au sud du 7ème arrondissement). Il attire l’attention de la Ville, de la région et de la DRAC, s’ouvre au Sénégal, au Pakistan, à la Réunion, et invite à des artistes reconnus comme Alpha Blondy (chanteur de reggae).

Il commence aussi à prendre sa forme actuelle : il regroupe des animations à la Guillotière, une fête citoyenne, deux soirées de concerts, etc.
En 2004 a lieu la naissance du 6e Continent, la salle à la Guillotière régie par les mêmes principes d’exigence et d’accessibilité que le festival qui l’a précédé et installé à la Guillotière (avec toute la symbolique que cela suppose) dans un espace qui a déjà connu mille vies. Cela permet à l’association de pérenniser son activité à l’année.

En 2009 le 6e Continent est labellisé « Scènes découvertes » par La Ville de Lyon et la Région Rhône-Alpes pour son travail d’accompagnement des artistes « musiques du monde » à la professionnalisation.

L’équipe

L’équipe fixe est composée de 8 salariés (équivalents à 4 temps plein), une cinquantaine de bénévoles et autour de 200 bénévoles pour le festival.
L’équipe fixe compte un président, deux vice-présidents, un directeur et programmateur, un communicant, un technique son, un chargé d’accueil, un conseiller “folk”.

Pour maintenir un esprit de partage et convivialité avec tous les bénévoles du 6e Continent, l’équipe organise des réunions ouvertes une fois par mois.

Activité

Il y a deux dimensions différentes :

● Espace Interculturel de la Guillotière : cet espace compte avec une salle de concerts avec des concerts (gratuits ou à des prix adaptés) des “Musiques du Monde”, une galerie d’arts, un bar associatif (adhésion annuelle de 2 euros obligatoire pour y consommer), et la “scène découvertes” (label, un laboratoire de création, où on y organise des résidences dans des espaces équipés et où on y accompagne des artistes musiciens à la professionnalisation).

● Organisation du festival 6e Continent dans le Grand Lyon, qui cette année a eu lieu du 1er au 3 Juin (19e Édition), le weekend suivant notre exposé.

Présentation du Festival

Le festival du 6e Continent existe depuis 1997, il a donné son nom à l’association du 6e Continent et au lieu qu’elle occupe. A l’origine ce festival n’est pas focalisé sur la Guillotière et ne se contente pas d’uniquement trois jours. Il a beaucoup évolué ces 20 dernières années pour parvenir au format actuel : trois jours dont le premier au quartier de la Guillotière et deux jours et deux nuits au parc de Gerland.

Un festival de “musiques du monde”

Depuis 1997 la constante du festival est d’être dédié aux musiques du monde. Chaque année, du moins sur les dix dernières éditions, un thème plus spécifique est choisi. Parfois c’est un pays qui est choisi : le Maroc en 2009, le Brésil en 2010. C’est l’occasion de faire venir des artistes du pays choisi mais aussi de mettre en valeur ces cultures présentes à Lyon. Le festival créé des partenariats avec les associations locales dédiées, et les artistes vivant à Lyon originaires de ces pays.

D’autres thème comme Couleurs latines (2015) permettent un choix plus larges d’associations, artistes locaux, artistes invités. Le thème Melti’celte (2011) permet aussi un regroupement mais de cultures celtes présentes dans divers pays.
D’autres thèmes encore sont beaucoup plus vagues comme l’édition 2014 dont le thème est Femmes du monde . Ce thème mène à une mise en valeurs d’artistes féminines du monde de partout dans le monde y compris de Lyon : des artistes représentant la musique ou les arts du monde.

Lors de plusieurs éditions apparaît aussi le cas d’une sorte de non-thème. En effet en 2012 Le monde à Lyon , idem en 2013 : le thème indique qu’il y aura des cultures du monde entier qui seront présentes à Lyon, plus particulièrement des musiques ; or c’est un festival de musique du monde. En 2016 et 2017

on se retrouve avec des éditions de festival de musique du monde ayant pour thème Les musiques du monde .
Le Festival étant en constante évolution on peut imaginer que par la suite le thème disparaîtra complètement. On pourrait aussi faire la supposition que ces “non-thèmes” sont choisis pour des questions pratiques : ne pas spécifier permet de faire appel à un plus grand nombre d’associations et d’artistes et toucher plus de partenaires.

Ce Festival est autofinancé à 20% (les proportions sont inverses à celles de l’association).
Ses partenaires pour cette 19è Édition (2017) sont la Ville de Lyon, Lyon 7e,la Région Auvergne Rhône-Alpes, SACEM (partenaires publics), Crédit Mutuel, CMCAS Lyon (mécènes), Mediatones, Image Son & Design, Only Lyon, Jarring Effects, La Grihète, … (partenaires institutionnels et associatifs).

Un festival éco-citoyen

En 2009 le festival du 6e Continent se part d’une autre spécificité : il devient un festival éco-responsable. Les premières actions en ce sens sont de proposer des gobelets réutilisables et des cendriers, afin de minimiser la quantité de déchets et la pollution des espaces occupés. D’autres mesures s’ajoutent au fil des années : installation de toilettes sèches et tri des déchets. Ils font aussi de la sensibilisation aux transports en encourageant le covoiturage et l’utilisation des transports en commun et des vélo’v.

Des partenariats avec des associations pour sensibiliser les festivaliers sur divers sujets sont aussi compris comme des actions éco-citoyennes. Ainsi le festival sensibilise aux risques auditifs liés au volume sonore, aux risques liés aux drogues et à l’alcool et aux maladies sexuellement transmissibles. Le festival est depuis l’origine gratuit ou à prix libre, ce qui est aussi une mesure éco-citoyenne. Gratuit au départ il devient à prix libre en 2012 avec la justification suivante : “Enfin, sans remettre en cause l’engagement tenace que nous avons pris depuis 14 ans pour un accès à tous, nous adoptons cette année, compte-tenu des difficultés financières qui menacent la pérennité du 6e Continent, un nouveau principe : Toutes les manifestations seront à PRIX LIBRE.“ (site internet de l’Édition 2012 du festival du 6e Continent). Depuis, chaque année, sur le site dédié à l’Édition du festival, le même paragraphe à quelques mots près apparaît dans la présentation.

Un format de festival qui a évolué dans sa durée et ses localisations

En effet, ce Festival a beaucoup évolué au fil du temps et continue, d’ailleurs, à le faire. Avant il se déroulait dans tout le Grand Lyon mais, surtout depuis 2012, il se place juste à la Guillotière :
“Pour sa 14e édition, le festival 6e Continent souhaite créer un événement de proximité en se recentrant d’avantage sur son quartier de résidence : la Guillotière.

Dans la continuité de notre implication dans la vie du quartier de la Guillotière, pour renforcer les passerelles partenariales et créer une véritable effervescence le temps d’une soirée, le festival 6e Continent propose le jeudi 31 mai à partir de 17h des concerts, spectacles et animations en partenariat avec les acteurs du quartier.

A cette occasion, commerçants (bars, restaurants, librairies etc.), associations et structures du quartier vous invitent à venir découvrir des artistes originaires du monde le temps d’une soirée.
Une balade en famille, entre amis ou en amoureux pour découvrir la richesse des diversités culturelles du quartier.

Un événement fédérateur placé sous le signe du métissage culturel et surtout du partage.”

Sa durée est toujours aussi entrain de varier. Dans ses premières éditions, ce Festival durait trois semaines alors que maintenant toutes les activités se déroulent pendant trois jours.

Le Festival essayait de rester ancré à la Guillotière. Par exemple, en 2009 le dernier jour a regroupé une trentaine d’événement à la Guill’ et en 2011 s’est créé La Guill’ en kilt, cela voulait dire que l’ensemble du Festival (sauf concerts à Gerland) étaient centrés sur la Guillotière.
En 2012 le format était le suivant : un jeudi à la Guillotière ( Tous à la Guill’ , le format actuel) et 12 jours dans le Grand Lyon.

Depuis 2012 le format est de trois jours :

  • Le jeudi après-midi et soir Tous à la Guill’ : toutes sortes de manifestations dans le quartier la Guillotière (concerts, parades, théâtre, animations, ateliers…) mise à contribution des commerçants. Ce format permet la valorisation du quartier en y investissant toute sorte d’espace.
  • Le vendredi soir : Soirée Ethnotek : mélange de musique du monde et musique électronique à Gerland (selon les éditions jusqu’à minuit ou 5h du matin).
  • Le samedi après-midi : “grande fête populaire” à Gerland (forum des associations, activités, nourritures du monde, restitution des cours de danse qui ont lieu toute l’année au 6e Continent).
  • Le samedi soir : concerts à Gerland, selon les éditions jusqu’à minuit ou 5h du matin. Des têtes d’affiches.

Critiques au Festival

Dans les faits on ne voit pas tant que tout le quartier est en fête l’après-midi (de 14h à 18h l’activité est moins intense), il faut savoir pour trouver les événements et beaucoup de gens ne savent pas où trouver la brochure qui comporte la carte explicative (carences en matière de communication et publicité).

Le soir il y a divers concerts. Dans l’édition 2017, par exemple, on peut s’interroger sur la notion de “musique du monde” car sur une des scènes principales ce sont des DJs qui n’ont pas des sonorités que l’on qualifierait de musique du monde. Idem sur la scène (encore un DJ) devant le 6e Continent. Pourtant cette scène principale occupe tout un pan de rue, et l’accès est bloqué pour les voitures. Dans un autre pan de la rue il y avait un concert de musique latine, une musique qu’on classe plus naturellement comme “musique du monde”. La scène pour ce concert est toute petite et bloquée entre un bar et une rue où les voitures passent. La proximité de ces deux concerts avec leurs différentes installations donnent une vision très commerciale du festival : la scène avec DJs qui ramène un plus large public est la plus mise en valeur ; celle avec une musique moins “grand public” est défavorisée par sa configuration d’une part et par la proximité de la grande scène d’autre part.

Un des objectifs de ces journées à la Guillotière est de toucher ses habitants, mais la population aux concerts est plutôt jeune (à vue d’oeil entre 15 et 30 ans) et semble venir de tout Lyon.

Pourquoi QUESTION D’ACTUALITÉ?

La 19e Édition du Festival 6e Continent se déroulait le weekend après notre exposé. Pourtant, ce qui nous a ramené à nous intéresser à ce sujet est un article du journal “Petit Bulletin” qui date de janvier 2017 ( PB no864: du 11.01 au 17.01.2017 ).
Dans cet article, on explique que le 6e Continent est une association autofinancée à 80% (recettes qui proviennent de la vente de boissons au bar, les adhésions, les concerts des week-ends, mais surtout des cours de danse).

Pourtant, d’où procède le 20% restante? Comme on l’explique dans cet article du Petit Bulletin, les partenaires publics s’en désengagent.

Cette association compte (ou comptait) avec le soutien de :

1) La ville de Lyon (dernière subvention reconduite en janvier 2017) : grâce au label “Scène découvertes”, la salle reçoit toujours 15.000 € au titre à la Délégation à la Culture.

2) L’État : il a ôté les 30.000 € (15.000 € pour la salle et 15.000 € pour le festival) que attribuait à l’association dans le cadre de “la Politique de la Ville”.

* La politique de la ville est un programme créé dans les années 70 qui vise à réduire les écarts de développement au sein des villes, à restaurer l’égalité dans les quartiers défavorisés et à améliorer les conditions de vie de leurs habitants. Actuellement un quartier est classé prioritaire si plus du 60% de ses habitants a des revenues considérées inférieures à la moyenne de l’agglomération dont il appartient.

La politique de la ville est mise en œuvre par l’Etat et les collectivités locales et associe les habitants, les associations, les bailleurs et les organismes publics.
Elle soutient des expériences innovantes initiées dans les quartiers, notamment par les associations et il accompagne les professionnels de la politique de la ville.

Un des points plus importants du Contrat de Ville de Lyon est le développement des quartier prioritaires en s’appuyant sur des Projets Culturels de Territoire et le 6e Continent en faisait évidemment partie.

Mais, dans le Contrat de Ville 2015-2020 de la Politique de la Ville, la Guillotière ne fait plus partie des quartiers classés prioritaires.

3) La Région : elle a diminué 20.000 €. Cette année donne 0 € pour la salle (face aux 15.000 € des années précédents) et attribue 10.000 € pour cette édition du Festival (alors qu’avant étaient 15.000 €).

L’association affronte 50.000€ de dettes actuellement dû à ce désengagement des pouvoirs publics

Un autre article plus récent du Petit bulletin a aussi attiré notre attention ( PB no871: du 08.03 au 14.03.2017 ).

Dans cet article, on peut connaître l’avis des pouvoirs publics :

L aurent Wauquiez (président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes) a envoyé un mail le 9 février à l’équipe du 6e Continent pour leur promettre un prochain rendez-vous, mais sans indiquer le délai.

George Képénékian (adjoint au maire de la culture) reconnaît l’importance du 6e Continent mais exprime son inquiétude après le désengagement de l’État et la Région : “Est-ce que la ville doit récompenser? On ne va pas y arriver. Il y en a d’autres que le 6e Continent.” Il exprime, en plus, que la Ville souhaite un projet repensé.

Romain Blachier (adjoint à la culture, évènements et numérique du 7ème arrondissement) explique aussi que le projet doit se renouveler (surtout sa programmation). Il dit que “la programmation de la salle tourne en boucle depuis trois ans, avec souvent les mêmes artistes”. Pourtant, il parle du succès de “Tous à la Guill’ et du festival en général”. Presque toutes les critiques des pouvoirs publics ne vont pas contre le Festival mais plutôt envers la salle, critiquée depuis quelques années pour sa programmation (qualifiée de répétitive).

Le 6e Continent attendait encore en juin 2017, juste avant la dernière édition du Festival, des réponses des pouvoirs publics.
Malgré l’incertitude, tant le Président que le Directeur du 6e Continent défendent leur projet. Dans l’édito de cette édition du Festival :

Rebaï Mehentel (Président du 6e Continent) se montre toujours fier de ce projet : “ Le 19e anniversaire de notre Festival … c’est la démonstration que cette capacité à durer est la plus belle preuve de réussite, cela démontre aussi que, 19 ans après, porteurs et défenseurs d’un projet humaniste et citoyen, nous ne nous sommes pas trompés. Que nous avons su pallier aux carences, de plus en plus importantes de la puissance publique. ”

D’une autre part, Mohamed Sidrine (Directeur du festival) dit : “ 19 ans déjà. Presque deux décennies de découvertes, d’émerveillements, de rencontres, d’échanges… Je me souviens de la première édition où l’on se battait pour que “les musiques du Monde” soient à leurs tours visibles sur l’espace public et que l’on démontrait qu’elle était un vecteur essentiel pour combattre l’ignorance qui nous divisait. Les pouvoirs publics s’y désengagent tour à tour. Que faire? Baisser les bras et laisser ce champs vide après tant de combats? Que nenni… Le 6e Continent est un projet culturel, citoyen, sociétal et profondément humaniste. Il sera toujours là, peut-être sur une autre forme. Mais le fonds ne changera point, quitte à entrer dans la résistance .”

Le 6e Continent avait prévu une Assemblée Générale le 20 avril 2017 pour décider l’avenir de l’association. Pourtant, le fait de ne pas recevoir de réponses des partenaires publics a provoqué le report de cette réunion au 22 juin 2017.

Coralie Burtin et María Basallote

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