carnet de bord #4

 

Il ne devrait pas être permis de faire des études universitaires sans voyager. Mon cerveau en a encore des courbatures. Les yeux grands ouverts, sourires francs, à passer cinq jours à déambuler comme une meute d’enfants dans une ville qu’on connaît un tout petit peu plus. Capturer le chant de la langue, façades d’immeubles, nouveaux visages, vitrines et publicités, plats mystérieux. Saisir puis s’imprégner et se rapprocher. Rien n’est comme on l’imaginait en observant de loin. Et qu’est-ce que ça rend intelligent d’aller à la rencontre. On a beau le savoir, c’est si vivant de réactualiser cette manière d’être en faisant dérailler son quotidien !

Cinq jours de cours, visites, rencontres, cinq jours ce que c’est court. Mais déjà assez pour confronter ses représentations au réel, balayer la simplicité supposée du monde et l’embrasser à nouveau dans toute sa joyeuse complexité.

Un centième moins complexe grâce à Milena, Irina, Borka, Aleksandra, Milan, Goran et tous les autres. Des professeurs, des étudiants, des artivistes, des citoyens. Grâce à qui on a pu rattacher à du concret des concepts pleins de syllabes. « Échange interculturel », « patrimony », « živeli » et j’en passe.

Grâce à toutes les personnes rencontrées on a pu ressentir la signification de l’hospitalité, d’une franche hospitalité même, qui donne simplement envie de rendre la pareille de retour au bercail. Et l’envie de continuer à échanger. Glaner des secrets de cuisine, s’informer sur l’état de la scène punk, découvrir les standards de la musique serbe en karaoké, et surtout, surtout, s’inscrire dans cette tradition plusieurs fois centenaire d’échange entre universités européennes en dansant le rock jusqu’au petit matin au squat de Kvaka 22.

Une sensation désarçonnante, propre à chaque voyage, aura été d’incarner plusieurs identités tout au long de voyage. N’être que soi mais dans la rencontre avec l’autre, représenter 1- le touriste un peu paumé, 2- les clichés français, 3- le patrimoine lyonnais, 4- le système universitaire national avec sa tribu de collègues étudiants, 5- 6- 7-…  Et composer avec toutes ces facettes, avec ce que l’autre en attend, dans ce qu’on offre à voir et dans la manière dont c’est reçu. Jongler avec ce qui vient de soi et ce qu’on attend de nous en tant que membre d’une communauté. Et au final, bien simplement, rencontrer des personnes incroyables – et dans nos différences trouver tellement en commun.

On avait beau s’être rencontré quelques fois entre M1 et M2, c’est bien deux tribus distinctes qui sont parties de l’aéroport de Lyon. Mais quelques dizaines d’expéditions à pied, du chinage de haut vol, des grandes ventrées de goulasch et ces quelques bières de trop nous auront fait repartir comme une seule équipe et ça, c’est une des plus belles promesses à l’avenir qui ressort de ce voyage. C’était déjà prodigieux d’avoir rencontré des personnes aussi folles dans ma promo… hé bien oui, doublons la mise !

A bientôt Belgrade(s)

V LH

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